Le présentéisme coûte plus cher que l’absentéisme
Les symptômes qui précèdent le congé maladie représentent déjà des pertes de productivité importantes pour l’entreprise, explique Roger Létienne, le président d’OptiSantis.
Afin de montrer qu’il est investi ou en raison de problèmes extérieurs qui l’obligent à chercher un refuge, un salarié peut être présent dans l’entreprise sans être productif. Des solutions de prévention existent pourtant (Photo: deux salariés de Leblon-Delienne, un atelier de Neufchâtel-en-Bray, font la sieste sur leur lieu de travail en 2006). AFP/ROBERT FRANCOIS
Compétitivité, pression productive ou effets de la crise sur les salariés, tout aujourd’hui concourt à faire augmenter un phénomène de « présentéisme » dans les entreprises françaises. Par « présentéisme », nous entendons la situation d’un salarié qui est présent sur son lieu de travail, alors que son état, physique ou psychique, ou sa motivation ne lui permettent pas d’être pleinement productif.
C’est généralement une situation non identifiée dans la plupart des entreprises et qui pourtant ne peut trouver de solutions pérennes que dans la résolution de ses causes. Sans identification et traitement, ce phénomène s’installe durablement au sein de l’entreprise, menaçant ainsi sa pérennité.
Le coût de l’absentéisme est une donnée réputée connue. Le 7ebaromètre de l’absentéisme, élaboré par le cabinet de conseil en ressources humaines Alma Consulting Group à partir d’un sondage annuel auprès de plus de 250 entreprises privées et d’un échantillon représentatif des salariés du privé, annonce un taux d’absentéisme de 4,59 % en 2014 (en hausse de 7,4 % par rapport à l’année précédente) et estime son coût à près de 10 milliards d’euros pour les entreprises.
Entre 6,4 % à 9,2 %
L’étude des manifestations du « présentéisme » (insatisfaction au travail, fatigue extrême, surinvestissement) montre qu’elles sont souvent, dans une importante proportion, les prémisses de l’absentéisme. Le cabinet de conseil en ressources humaines Midori Consulting calcule ainsi un « taux de présentéisme », variant selon les entreprises observées, de 1,4 à 2 fois le taux d’absentéisme.
Extrapolé au taux d’absentéisme national, le taux de « présentéisme » théorique serait (pour les chiffres 2013 de l’absentéisme) entre 6,4 % à 9,2 %. En appliquant ce ratio au coût de l’absentéisme, le coût (théorique) du « présentéisme » représenterait ainsi 13,7 à 24,9 milliards d’euros, un coût de non-productivité assumé directement par l’employeur (alors que le coût de l’absentéisme est en partie couvert par l’Assurance-maladie).
Les causes de l’absentéisme et du « présentéisme » sont multiples, mais elles sont toutes en liaison avec l’équilibre de vie de chaque individu, d’une part, et la qualité de vie dans l’entreprise au travail. En poussant la porte de son entreprise, on ne laisse pas dehors ses problèmes et ses difficultés, on entre bien souvent avec. Pire même, ils peuvent exacerber la perception d’une mauvaise qualité de vie au travail ou, pour certains, les entraîner à, soit déserter le lieu professionnel, soit au contraire rester plus longtemps pour fuir ses problèmes.
Outils et méthodes d’accompagnement
Fort de ces constats, il paraît évident que tout euro investi pour identifier les salariés en difficulté et les aider à restaurer les bons équilibres de vie est une bonne affaire pour l’entreprise. C’est un des axes majeurs de prévention de l’absentéisme et de diminution durable du « présentéisme ».
Il existe des solutions de prévention, des outils et des méthodes d’accompagnement adaptables au cas de chaque environnement dans l’entreprise. Ces plates-formes permettent à chaque salarié d’évaluer ses équilibres au travers d’un score normé, de déterminer et de mettre en œuvre individuellement des programmes adaptés pour retrouver son équilibre de santé et de bien-être.
Quant à l’entreprise, elle peut mesurer les risques liés à la qualité de vie au travail avec précision, et définir une politique adaptée. A l’heure où les entreprises ont l’obligation de prendre une mutuelle pour leurs salariés et où elles doivent mesurer avec précision la pénibilité des tâches, il serait temps d’inclure des solutions globales de prévention santé qui soient strictement adaptées au profil de chacun. Mieux vaut prévenir que guérir !